Un poncho en cloques?! Réflexion sur l'accès à la contraception et le droit à l'avortement au Chili

Publié le par paris-match-en-poncho.over-blog.com

Depuis trois semaines maintenant, je travaille tous les mercredi matin en tant que bénévole au TAC, taller de accion comunitaria. Cette association a de nombreux objectifs, pour ma part je suis engagée dans la partie "scolaire". Nous recevons des enfants de 3 ans dans la bibliothèque communautaire, et essayons de leur développer une "conscience environnementale", plutôt inexistante ici. Cela ne les dérange pas, pour la majorité d'entre eux, de jeter une bouteille en plastique dans la mer.

Je n'ai pas choisi l'âge des enfants car  j'ai fait en fonction de mon créneau, mais j'aurais surement préféré des enfants plus vieux. Car oui, à 3 ans on pense d'abord à faire pipi, à se rouler sur le sol et à chouiner quand on a mal. Dur dans ce contexte de faire passer un message environemental.

 

Malgré tout, sur les 2 séances, les enfants ont - Je l'espère- réussi à retenir qu'on ne jette pas "les mauvais déchets" par terre, et connaissent "l'ami le ver-de-terre qui fabrique la terre"!. Ce sont 2 heures par semaines, mais à cela il faut rajouter les nombreuses réunions de plannification en mode chilien, où l'on parle de tout et de rien avant de se rendre compte qu'on n'a toujours rien organisé pour la séance prochaine. J'aime beaucoup ce bénévolat, et pas simplement car je dois me déguiser en plante ou faire un théâtre de marionettes où je joue le rôle d'un ver-de-terre.

 

Ce que j'aime, c'est finalement sortir de mon seul statut d'étudiante étrangère, de voir qu'on écoute mes idées, et surtout rencontrer des gens qui vivent une réalité différente de la nôtre. Car sur les 7 bénévoles que nous sommes, 5 ont déjà un enfant. Les 2 autres sont moi et Kathalina, ma coloc allemande. Pour le reste, ce sont tous des chiliens; Rodrigo a eu son fils a 19 ans, il en a maintenant 31. Tiaré, 23 ans, a ramené sa petite fille de 3 ans à la dernière réunion. J'ai été plus que surprise de voir qu'elle avait en plus un enfant à gérer, au-delà de son bénévolat, de ses études, et des heures de transport en commun, car elle n'habite pas en plein centre comme moi. Quant à Charlie, il a aussi un enfant, et vit depuis quelque temps dans la bibliothèque communautaire car il a des problèmes de logement...

 

J'ai beaucoup parlé de ce thème là avec Kathalina (ma coloc), en rentrant d'une réunion. Elle qui a 23 ans comme Tiaré était comme moi "choquée", mais aussi admirative devant nos amis du Tac, los "tios", comme on nous appelle, qui décident de s'investir dans des projets comme le TAC tout en assumant l'éducation d'un enfant.

 

Au Chili, l'avortement est illégal. Quant à la pillule du lendemain, c'est un vrai casse-tête pour s'en procurer une, les pharmaciens refusent de la vendre bien qu'elle ait été rendue légal récemment . Dans la salle de bain de l'une de mes amies est accroché une affiche pro-avortement. Cette affiche décrit tout le processus d'auto-avortement médical, en avalant de nombreuses pillules. C'est illégal et peut provoquer des dommages internes, mais pourtant je connais plusieurs personnes qui se sont déjà infligées ce traitement pour ne pas se retrouver avec un gamin sur les bras.

 

Evidemment, l'âge moyen pour avoir un enfant au Chili est nettement inférieur à celui en France. Il n'est pas rare de voir dans les classes de lycée des jeunes filles en cloque, surtout dans les quartiers moins aisés. Car avorter et ensuite payer un médecin pour "nettoyer", cela coûte de l'argent. Et puis le système est bien fait : les crèches pour les parents-étudiants sont situées juste en face de ma fac. Vers 19h, les mères-étudiantes sortent de leur épreuve de droit civil pour aller chercher leur enfant à la crèche! Parfois, dans votre groupe de projet, une de vos camarades vous annonce qu'elle ne pourra pas être présente à la présentation orale, car c'est dans la période prévue pour son accouchement...

 

Des très jeunes parents, qui doivent combiner tant de choses, et faire face au défi financier de payer des études (très chères au Chili, même à la fac publique) tout en élevant un enfant...

 

Oui, ça fait réfléchir. Et cogiter pour nous en tant qu'étudiantes étrangères, car avoir des rapports dans un pays où l'avortement n'est pas autorisé, peut avoir des conséquences stressantes...

 

Mais bon, je ne voudrais pas terminer sur une note alarmiste! Pas de grossesses prévues chez aucune d'entre nous, chers parents, nous n'êtes pas prêts de devenir grands-parents! Mais gardons bien ça en tête, que ce droit à l'avortement que nous avons en France est plus que précieux, tout comme l'accès libre à la contraception!

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J
<br /> Peut être que certains parents seraient heureux de devenir grand parents (j'sais pas comment ça s'accorde!)<br /> <br /> <br />
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N
<br /> NON MAIS MAIS MDR!!!! JUUUUUUUUUUU!! Je préparais ma phrase dans ma tête pour commenter cet article... je voulais mettre mot pour mot "JE VEUX TE VOIR EN VER DE TERRE" Sans rire, je te jure je<br /> voulais mettre ca sur la tête de ma mere. Non mais on est trop connecté, c'est tout. Bref, bah du coup je tiens à dire que je trouve ca super cool ce que tu fais pour les enfants là-bas Noémie.<br /> Hmmm c'est vraiment trop sympa. Mouais. Hmm vraiment<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Moi aussi je veux ! Le ver de terre pro-avortement c'est trop la classe. Et c'est vraiment très bien que tu fasse attention à ne pas te retrouver en cloque lors de ton année à l'étranger !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> JE VEUX TE VOIR EN VER DE TERRE!!!!! Je t'ai déjà vu en belle plante...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Ce que j'aime bien avec tes articles, c'est que plus ça va, meilleurs ils sont ! Ah si tout le monde pouvait faire la même chose...<br /> <br /> <br />
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