Un poncho dans le far-nord-west Argentin
Une destination de “second choix”... En apparence
C'était censé être un voyage sympa. Profiter de 10 jours qui s'offraient à nous, grâce à la semana mechona de la catolica (semaine d'intégration) pour aller vers le nord de l'Argentine, une destination “de second choix”, parmi tout ce qui s'offre à nous comme possibilités de voyage, que l'on fait quand il nous reste du temps, et de l'argent. Ce voyage a été bien plus que seulement “sympa”...Je pensais y aller seule, mais les fidèles Romain et Pierre ont décidé de m'accompagner. Une petite pensée pour Eleonore, décidée au dernier moment pour partir avec nous, qui ne passera jamais la frontière, à cause d'une foutu histoire de visa.
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Tucuman, retrouvailles familiales, siestes, et asado
Moi, je suis partie 1 jour avant, histoire de voir la petite famille Lacroix, c'est à dire Benoit, mon cousin qui est en échange à Tucuman, et Florent, mon autre cousin, sa femme Kendra et leur petit boud'chou de 7 mois Lisette.
Valparaiso-Mendoza de nuit, ouch, dur le passage de frontière dans les Andes à 4h du mat. 1 heure à Mendoza, je repars pour Tucuman, arrivée 17 heures plus tard chez Benoit. Oui, beaucoup de trajet tout ça, surtout toute seule, et pas ravie de constater qu'on m'avait volé le duvet prêté par ma coloc, alors que j'étais partie aux toilettes.
Arrivée à Tucuman, le plaisir de revoir la famille, et de se poser, enfin. Cette ville tranquille pendant la sieste et ultra animée en début de soirée se visite rapidement, mais j'y reste finalement 2 jours; le premier, pour profiter des Lacroix, d'un barbeucue (asado) plus que copieux qui me pèsera sur l'estomac deux jours durant, mais bravo à l'asador quand même. Les repas avec les colocs de Benoit sont drôles, surtout quand j'essaye de défendre le Chili face à un Argentin qui a la dent nationaliste bien dure, et que Florent essaye d'intervenir dans tout ça avec le peu d'espagnol
qu'il a.
Le deuxième jour,je rejoins Pierre et Romain arrivés à Tucuman le matin, que je retrouve dans un état de décomposition et de putrition bien avancé. Je comprends qu'il leur faut à eux aussi du repos, une DOUCHE , nous ne partirons que le lendemain. Et hop, re-visite de la ville. Il y fait chaud comme un mois d'août en provence, l'air est sec, la pollution est là, mais j'apprécie Tucuman. J'apprécie ses batiments coloniaux, même s'ils se comptent sur les doigts de la main.
J'apprécie les visites des apparts grâce à Haffid, un ami de rennes, qui est aussi en échange là-bas, et nous emmène dans sa coloc plus-que-hippie-tu-meurs. J'apprécie la sieste générale de 14h à 18h, qui se prolonge lors du jour férié à pour commémorer la défaite de la guerre des Malouines -mieux vaut en pas être anglais ce jour là!
Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, la date de départ est fixée au lendemain, lever 5h du matin; commencement du marathon après ces deux jours de repos, le voyage, le vrai, peu enfin commencer.
Les ruines de Quilmès, début du périple
La destination? Lesruines incas de Quilmès, les mieux conservées après le Machu Picchu et Pukara de Quitor (selon Mr Wikipédia Romain Le Hen, je n'ai pas vérifié).
En bus, nous arrivons jusqu'à Amaichi del Valle. Un petit village auquel on parvient après avoir traversé des paysages complètement différents des entourages de Tucuman : des prairies verdoyantes au petit matin, on monte un peu dans les hauteurs. En descendant du bus, grosse deception, nous nous attendions à un petit village charmant, nous nous assaillis par les rabbateurs, bien contents de trouver des touristes en cette saison de creux. Mais nous en nous attardons pas, l'objectif est bien d'arriver aux ruines. Un bus nous laisse à l'embranchement du chemin qui y mène. Il reste seulement à marcher durant 5km. Mais en bon flemmards que nous sommes, nous profitons de suite d'un pick up qui se rend aux ruines et nous épargne 1heure de marche sous le soleil de plomb.
Les ruines de Quilmès sont vraiment bien conservées. Un petit semblant de Machu Picchu, les trombes de pluie en moins.
Cafayate et ses bodegas
Une heure plus tard, nous voilà repartis, bien décidés à arriver à Cafayate en stop, pour éviter de payer le bus plutôt cher par rapport au coût de la vie dans le nord de l'Argentine.Un pick up nous prendra en stop, nous avançant de 20km, mais c'est insuffisant, après 1heure de stop sans résultat, l'heure tourne, nous nous rendons et prenons le bus. Mais c'est normal, c'était l'épreuve qu'il nous fallait pour nous mettre en jambes avant des objectifs plus sérieux.
Le pari de rejoindre Salta en stop (189km)
C'est chose faite dès le lendemain : depuis Cafayate, notre point de chute pour la nuit, petit ville qui vit des haciendas qui font du vin, nous voulons rejoindreSalta à 189km d'ici, sur une route qui ne dessert pratiquement aucun village. Pratique selon nous, les voitures qui s'élancent sur cette route vont forcément à Salta. Pour nous, faire du stop sur cette route est l'occasion d'apprécier les paysages magnifiques de la Vallée de Calchaquiès, classée au patrimoine de l'UNESCO, que nous souhaitons voir autrement qu'en payant une excursion hors de prix ou via la vitre teintée d'un bus de grande ligne.
Vers 11h nous voilà donc partis, le coeur et les jambes légers, à l'assaut des kilomètres, bien motivés, pensant que sur cette route touristique passera bien un camion, pick-up, qui pourra nous prendre en stop.
2km, les paysages de vignes et de bodegas à la sortie de la ville commencent à s'éloigner.
4km, je trouve des ailes d'ange sur le bord de la route. Parfait, un accessoire pour faire rire les chauffeurs et augmenter nos chances d'être pris en stop. Et puis il faut bien s'occuper,il commence à faire chaud sur cette route quasi-déserte.
6 km, les épaules commencent à ressentir le poids du sac. Petit arrêt sur le bord de la route, les spéculations vont bon train sur nos chances d'arriver à Salta dans la nuit. Déjà 1h30 que l'on marche, pas une seule voiture qui ne se soit arrêtée, ne serait-ce que pour demander où l'on va; L'hypocrisie des chaffeurs richous qui roulent en pick-up brillant va jusqu'à nous faire signe avec le petit regard désolé qui va avec pour nous indiquer qu'ils tournent bientôt à l'embranchement. Embranchement mon cul, il n'y a pas de village avant au moins 60 km.
8km, virage, devant nous un paysage de grandes étendues, des montagnes colorées au loin... Et pas d'ombre à l'horizon, juste une route toute droite, qui s'enfoncent dans la vallée. Le paysage est magnifique, malgré la fatigue et la chaleur, je continue d'avancer. Je commence à détester profondément les argentins, ou du moins ceux du Nord-Ouest, qui n'ont vraiment aucune pitié pour 3 pauvres routards marchant en plein soleil à l'heure de midi depuis plus de 2 heures. Au fond de moi, je sens qu'on va devoir prendre le bus de ligne. Mais je garde quand même espoir, après tout le paysage me donne de l'énergie, je me sens bien à marcher sur cette route sans fin.
10km, la lassitude se fait sentir, pause pique-nique.On cherche de l'ombre, on s'écarte de la route, en loupant le passage de quelques voitures, qu'importe, on n'y croit plus, cela fait maintenant 2h30 que l'on marche, et toujours aucune voiture qui ne se soit arrêtée.
12km,on abandonne, on pause les sacs à l'ombre d'un des rares arbres et attendons le passage du bus.
Et là le miracle se produit. Un pick-up gris commence à ralentir. A bord, 1 femmes et 2 hommes. “vous allez où les jeunes?” “Salta, mais je suppose que vous vous arrêtez avant?” “Non les jeunes,on va aussi à Salta! Ecoutez je veux bien que vous montiez à l'arrière du pick-up, mais ne mangez pas le raisin qu'il y a dans la caisse, c'est ma seule condition!”
En pick-up simone!
J'ai envie de pleurer de joie, on n'y croyait VRAIMENT plus! Pendant 10 minutes on crie, on prend des photos, on hurle, l'explosion de joie littéralement. Le pick-up roule à une allure folle, à travers la vallée tant attendue de Calchaquiès, qui nous offre un spectacle du tonnerre.
Soudain, le pick-up ralentit “oh non, on va devoir descendre, on a meme pas fait 20 km!” Le chauffeur descend et nous donne des indications sur la vallée que nous avons devant les yeux “prenez des photos, allez-y, profitez, c'est beau ma région hein?” . Là, franchement, je n'en reviens pas; Non seulement nous avons réussi à monter dans LE seul pick-up qui se soit arrêté, qui va jusqu'à Salta, et en plus il s'arrête pour que l'on puisse prendre des photos!
Le voyage dure 3h30. Sur la fin la vitesse folle du pick-up nous fait huler de peur, lorsque notre fou du volant se décide à doubler une file de non pas 1, ni 2, ni 5, mais bien 10 voitures, sans aucune visibilité, et qu'un bus finit par débouler en face. Mais Manuel, c'est son nom, est un pro du volant. Dans l'histoire, nous venons de traverser une vallée incroyable, magnifique, non seulement pour les tons ocres des montagnes, mais aussi pour la diversité des formations rocheuses, on se croirait sur une route aux USA, à bord d'un pick-up... Sentiment de liberté intense.
(nb: le voile, ce n'est certainement pas de la provoc'. Simplement, pres de 4heures avec les cheveux au vent qui vous fouettent le visage vous incite a vous recouvrir la tete, avec les moyens du bords, ici un debardeur sale trainant au dessus de mon sac)
Salta la coloniale
Arrivée àSalta sur les coups de 18h, l'air s'est rafraichit. Manuel nous fait descendre aux abords du centre,les remerciements pleuvent, mais notre Manuel est très humble et nous demande juste de lui envoyer une carte postale à notre retour.
Salta ne nous décevra pas : une belle ville, de taille moyenne, dont l'architecture coloniale est très bien conservée, pour le plaisir de nos yeux.
Un téléphérique permet de monter sur la colline et profiter du panorama sur la ville. Un coup de coeur : le musée de haute montagne,(le MAM, Museo de Alta Montaña, qui a fait sans aucun doute du bench marking sur les musées type new-york, le style est définitivement inspiré du MET ou du MOMA de NYC)qui expose des momies d'enfants incas sacrifiés aux cimes des montagnes environnantes. Ca peut paraître dégueulasse, mais le musée est vraiment didactique, nous plonge dans une ambiance dès les premières secondes du fait de la basse température (18°) pour préserver les momies, on se croirait justement en haute montagne.
Salta plongée dans le noir
Le soir, nous sommes un Mardi, c'est décidé, nous voulons tester la vie nocturne saltanienne. Alors que nous faisons des courses pour le soir, la lumière de toute la ville s'éteint subitement. Chouette! Une coupure d'électricité dans une rue piétonne bondée, à la tombée de la nuit! Nous filons vite fait bien fait à l'auberge, pas trop rassurés avec notre matériel photo etc. A la lumière des bougies commence une soirée sympathique à discuter avec les gens de l'auberge, en attendant que la lumière revienne. 2 heures plus tard, l'électricité revient, mais se coupe à nouveau! On nous informe que la coupure est générale à toute la région, et forcément que ça n'était pas arrivée depuis 3 ans, il fallait que ça tombe sur nous! Notre motivation pour sortir est comme une montagne russe, car la lumière ne cesse de revenir puis de se couper... Mais finalement, Pierre et Romain ne reculant devant rien me décident, nous allons quand même voir ce que donne la vie nocturne de Salta! Eh bien, autant vous dire que nous nous retrouvons à 6 pecnos à danser dans une boite déserte, à profiter des tarifs plus que “barratos”, normal, les rues sont désertes, merci la coupure d'électricité. Mais au moins nous l'aurons fait, aller profiter de l'ambiance nocturne d'une ville peu étudiante et en saison touristique basse, un mardi soir après une coupure d'électricité...
Jujuy, et son terminal bus révélateur de la réalité sociale du Nord-Ouest de l'Argentine
Mercredi matin, départ à 8h pour Jujuy, plus au nord, on n'est vraiment plus très loin de la frontière bolivienne. Le bus est vide, nous avons pour nous seuls un bus de deux étages avec galettes à volonté. Arrivée à Jujuy, le choc est rude : j'ai l'impression d'être retournée dans un quartier pauvre du Pérou. D'abord, le temps est humide et gris, comme durant la saison des pluies au Pérou. Mais surtout, le faciès des gens, clairement typés, vendant tout ce qu'ils peuvent, un terminal glauque...
Cela nous permet de nous rendre compte que l'Argentine, ce n'est pas que les grandes villes comme Buenos Aires ou les provinces aisées comme celle de Mendoza, où l'on pourrait se croire en Europe. (NB : même si par exemple dans les quartiers riches de Buenos Aires, des gamins mendient et des clochards vident les poubelles avec leur charette). L'Argentine, dans le nord, c'est aussi la pauvreté, la saleté, les mendiants. Je l'avais déjà remarqué en allant dans la région des Missiones, vers Posadas en décembre alors que je rentrais d'Iguazu. On était alors à la frontière paraguayenne. Là, à 5 heures de la Bolivie, le constat est le même. Certes, c'est moins agréable d'arriver dans un terminal glauque, mais au moins j'ai l'impression de connaître une autre facette de l'Argentine.
Forcément, les bus touristiques ne s'arrêtent que très rarement dans ce terminal, ils filent directement vers la Quebrada d'Humahuaca, à 2 heures de Jujuy, qui constitue l'attrait de la région. Nous, pour économiser nos sous, avons décidé de prendre le bus local. Nous en sommes pas déçus! Je en pensais pas me retrouver d'aussitôt avec l'ambiance bolivi-péruvienne, mais là nous sommes en plein dedans : vendeurs ambulants dans le bus, sièges défoncés pleins de poussière.... Mais où est passé le décor argentin, aisé et développé? Voilà ce qu'on gagne à économiser ses sous : un peu plus de réalité sociale, une image moins dorée du pays visité.
La magnifique Quebrada d'Humahuaca
Pauvreté ou non, les paysages sont toujours aussi magnifiques. La route dessert de nombreux petits villages, et nous offre unspectacle de roches colorées qui se dégradent en de nombreux tons.
Nous nous arrêtons à Humahuaca, un petit village type San Pedro de Atacama, qui vit du tourisme, sans le côté machine à fric regrettable à San Pedro de Atacama au Chili.
Les environs du village sont encore une fois splendides. Je ne regrette tellement pas d'avoir fait le voyage jusqu'ici, où nous apprécions des paysages d'une beauté sans pareille à moindre coût, car la majorité des paysages peuvent s'admirer depuis la route principale, ce qui permet de faire des kilomètres tout en “visitant”.
“Toutes les belles montagnes de la région se sont données rendez-vous à Purmamarca”
Puis nous faisons demi-tour sur nos pas pour rejoindre Purmamarca, où nous allons passer la nuit. Coucher de soleil sur cette route magnifique, un spectacle de plus pour nos yeux qui en ont déjà tellement vu ces derniers jours. Nous arrivons à Purmamarca à la tombée de la nuit. Ce village est indescriptible, il faut y aller pour comprendre. Mais quand même, en résumé, c'est un village fait de maisons aux couleurs ocres, encastré dans un creux de vallée d'une beauté inégalable. C'est un peu comme si toutes les belles montagnes de la région s'étaient données rendez-vous à Purmamarca, nous offrant un spectacle de roches de couleurs variées qui changent de couleur en fonction de la luminosité.
En plus de ça levillage- bien que touristique- a conservé son authenticité, à savoir que ce sont toujours les habitants d'origine qui y vivent; que ce n'est pas facile de trouver un hôtel le soir en arrivant, que personne ne vous harcèle pour que vous achetiez un poncho en poils d'alpaca...
Nous dormons chez une vieille dame, qui héberge des touristes, dans sa propre maison. Et surprise, son patio est situé juste au pied de la montagne aux 7 couleurs, qui fait la renommée de Purmamarca. Que demander de plus, surtout pour 6€ la nuit?
(derriere, la montagne aux 7 couleurs, mais dans la brume-grisaille. N'empeche qu'on la voit depuis notre patio!)
Nous nous endormons épuisés. Mine de rien,le rythme suivi depuis une semaine est relativement intense : lever tôt, couchés tard, des longues marches, des heures de stop, et des sandiwch peu nourissants... Au petit matin, je me lève à 6h30 pour admirer le lever du soleil sur Purmamarca, depuis le patio de notre hôte, espérant me prendre en pleine face les couleurs de la montagne. Notre hôte nous a promis unspectacle hors du commun. Pas de chance, ce matin là, la brume a du mal à se dissiper, il fait gris. Qu'importe, nous devons reprendre un bus à 10h, autant profiter de se balader dans les environs. La marche vaut le coup, quelques pas, nous voici derrière la montagne, qui nous offre une vue magnifique. C'est vraiment magique, c'est tellement rare que de tels paysages soient si faciles d'accès.
NB: je tente vainement de vous décrire la beauté de ces paysages, les photos parlent d'elles mêmes. J'ai l'impression de répéter le mot magnifique, magique, splendide à chaque phrase. Et pour cause!
De retour vers le Chili - un passage de frontière à 4200m d'altitude, sur l'altiplano : un semblant d'Uyuni
Le soleil finit par se lever, mais il est déjà l'heure de rentrer : toute bonne chose a une fin, nous allons rejoindre l'arrêt de bus, où notre bus pour le Chili doit passer nous prendre. Eh oui, car c'est déjà l'heure du retour vers Valparaiso. Nous avons décidé de passer la frontière au nord et non pas au niveau de Mendoza, histoire de varier les plaisirs. C'est bien la première fois que je pars autant à l'arrache, sans avoir une idée du programme, ce qui fait que nous pouvons le changer sans aucune contrainte. Tellement à l'arrache que nous savions juste que le voyage commencerait pas Tucuman. La date de retour était inconnue, nous sommes partis sans guide type lonely planet... Jamais je n'aurais fait ça il y a 8 mois en arrivant, alors que je plannifiais encore tout. Mais j'ai appris à me détendre, et surtout ai compris que si on a le temps, le mieux est d'improviser en fonction des opportunités qui se présentent. Certes, improviser en Europe coûte de l'argent, mieux vaut optimiser en réservant l'hotel le moins cher etc... Mais dans le nord de l'Argentine, proche du Pérou et de la Bolivie, le coût de la vie est tellement ridicule qu'on s'y retrouve.
Bref, cela étant dit, le passage de la frontière Argentine/Chili au niveau de Jamal est voyage à ne pas louper; je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on en m'en a jamais parlé.(nb: photos prises à travers la vitre du bus)
Un semblant d'Uyuni, avec les paysages typiques de l'altiplano (salars, volcans...),
après avoir quitté les paysages de grands canyons aux tons dégradés ou parsemés de cactus de la quebrada d'Humahuaca,
pour ensuite retrouver le désert d'Atacama,
et enfin arriver de nuit sur la côte Pacifique au niveau d'Antofagasta. On en a pour son argent! Je crois qu'en 12heures de voyage, jamais je n'ai aussi peu dormi, me foutant des claques pour ne pas louper le paysage, et pourtant dieu sait si j'étais fatiguée.
Antofagasta-Copiapo, ou le calvaire d'un bus bondé
Fatiguée oui, mais en arrivant à Antofagasta, alors que tout ce que je demande est de dormir dans un bon lit, Romain me convainct de reprendre un bus de nuit pour arriver plus vite à destination et ne pas perdre une journée. J'accepte de le suivre, sachant que c'est la bonne décision même si mon corps commence à crier tant il veut se reposer.
Forcément,le destin veut que ce soit notre bus qui arrive avec presque 1 heure de retard, sur les coups de minuit, alors que je commençais à baver dans mon sommeil sur mon sac à dos Quechua. Forcément, ce bus est ultra complet, et il n'y a plus de place en soute pour les sacs, tout le monde gueule. De mon côté, je me retiens de frapper quelqu'un, je suis quelque peu irritable tant je manque de sommeil. Alors à contre-coeur on décide de porter nos sacs à dos sur les genoux pendant les 10 heures de trajet de nuit. Forcément,c'est sur moi et Romain que ça tombe que les places que l'on vient de nous vendre sont déjà occupées … bug informatique. Sourire affable du stewart “Ne vous inquietez pas, je vais trouver une solution!”. Je n'ai même plus la force de frapper quelqu'un, ni de m'énerver, je veux juste dormir! Forcément, il ne reste plus qu'une seule place de libre...
Et là, dans ma misère, il reste des places en bas, en “cama”, des sièges de 1ère classe, plus larges, confortables, moins de bruit... Je bénis pour la première fois en 8 mois le sexisme latino : “joven! (jeune homme!) il reste une place en haut pour toi, et pour la señorita, une place en cama, pour que ça soit plus confortable pour elle!” Aha! Déception sur le visage de Romain, pour une fois je profite du système, et file m'installer en 1ère classe!
Quant à Pierre, celui-ci file direct vers Valpo, nos chemins se séparent ce soir là. Ce fut un vrai plaisir de voyager tous les trois, comme en Uruguay, le trio fonctionne bien, entre l'énergie et l'organisation de Romain, la bonne humeur et l'enthousiasme de Pierre, et puis moi...
Suite du voyage, seule avec Romain, en IIIème région chilienne (Bahia Inglesa, Pan de Azucar)dans un prochain épisode!